Février 2210 - Ici la Terre ! Une fiction à co-écrire...

Publié le 17 février 2017, mise à jour le 11 avril 2020
par Michel et Marie-Andrée Gazeau

(Article en cour de rédaction ) - APPEL ! Pour co-écrire ce récit, envoyez vos textes dans l’espace "commentaire" en fin d’article. Leur publication est modérée par le site pour assurer la cohérence générale du récit.

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La terre toute entière a subit le choc de l’énorme et brutale modification climatique, principalement provoquée par l’explosion de l’utilisation des énergies fossiles du XIXème à la fin du XXIème siècle.

Comment vivent les successeurs de ceux qui ont survécus à cette catastrophe ? En voici ce le récit.

Il n’y a pas de plan dans ce récit. Seulement des tableaux qui se dévoilent progressivement, comme si une image en appelait une autre.
Vous, les lointains ancêtres de ces hommes de 2210 , vous pouvez intervenir dans ce récit inter-actif , avec les images qui vous viennent à l’esprit... Ce récit puise ses racines dans notre temps, dans notre imaginaire.
Comme cet imaginaire a su produire les conditions de la destruction, il a conservé aussi les traces secrètes de toutes les voies que nous aurions pu prendre pour l’éviter...

Nous sommes en l’année 2210. Je ne sais pas encore comment j’ai y parvenir. Un soir j’étais dans notre temps, un trou noir, et je me retrouve là...
Jean, l’homme qui m’accompagne, à été choisi pour être mon guide. C’est un jeune homme dans la vingtaine, jovial, assez trapu, la peau du visage tannée d’un garçon qui passe beaucoup de temps dehors.

Le système technique

Février 2210, en plein hiver. Nous sommes dans les Hautes Pyrénées, sur le versant sud d’une montagne. Un forêt très dense, principalement de chênes-liège et de chênes-vert couvre de très vastes territoires. Au détour d’un chemin bien entretenu mais étroit, une perspective s’ouvre à travers les arbres et laisse entrevoir, dans le lointain, un haut sommet légèrement enneigé. En suivant le chemin, une clairière s’ouvre sur un petit plateau d’une centaine d’hectares.

Toute la clairière semble couverte des champs et de cultures. La dense forêt qui l’entoure semble constituer comme un rempart impénétrable. De belles clôtures de branches de châtaignier forment un entrelacs, qui en suivant les courbes de niveau, dessinent un élégant patchwork de petits parcs. Dans certains parcs, quelques chèvres, dans d’autres quelques moutons, dans d’autres des volailles, dans le reste d’autres prés, des champs et des jardins. Mais ce qui étonne le plus c’est la présence de nombreux palmiers dattiers, qui prospèrent dans les replis les plus chauds et ensoleillés. Mais pas de dattes en cette saison où débute à peine la formation des fruits.
Sous ces palmiers, une multitudes d’arbres fruitiers de toutes sorte de variétés, dont beaucoup sont déjà en fleurs.
Jean, mon guide, m’explique : "Tous ces arbres sont taillés très bas pour résister aux très forts ouragans qui ravagent le pays en toutes saison".

En bordure de la partie la plus haute de la clairière, au pied d’un massif de rochers, j’aperçois comme un ensemble de tumulus. Certains sont couverts d’un jardin potager, d’autres de végétaux genre sedums dont la couleur semble se confondre avec celle des rochers en arrière-plan. De l’un de ces tumulus sort un léger panache de fumée.
A mesure que je m’approche, mais il faut vraiment s’approcher, je m’aperçois qu’il s’agit d’habitats semi-enterrés.
Seule la partie haute de la façade sud de chaque habitat est visible. L’entrée de chaque habitat est de six ou sept marches plus basse que le niveau du sol. La façade est une alternance de surfaces occupées par de nombreux petits châssis vitrés et de grands panneaux de bois dont certains sont coulissants.

Jean, le jeune homme qui m’accompagne, me donne quelques explications sommaires : "En hiver, comme en ce jour ensoleillé, les panneaux de bois découvrent toutes les surfaces vitrées. Mais dès que les apports solaires sont plus faibles que les déperditions, les panneaux sont placés devant les surfaces vitrées. A l’intérieur d’autre volets isolants ou de lourds rideaux complètent l’isolation des maisons".
J’apprend avec inquiétude que les étés, les températures dépassent fréquemment les 50°. Par mon métier d’ingénieur, je comprends qu’en été la forte avancée de la toiture végétale des tumulus protège la façade sud des rayons du soleil, et que la plupart des panneaux de bois doivent être placés devant les parties vitrées. Ces constructions sont conçues comme de véritables blockhaus.Jean m’explique qu’ils sont extrêmement résistants aux ouragans, assez frais en été même pendant les canicules, et suffisamment tempérés en hiver par les apports solaires.

Sur l’un des tumulus, placé sur le promontoire le plus élevé, sort un grand mât muni de voiles sophistiquées en toile. C’est une sorte d’éolienne à axe vertical qui peut supporter les ouragans en repliant les voiles. Je sens une bonne odeur de pain chaud : mon guide m’explique que ces voiles font tourner le moulin pour les besoins de toute la communauté. En effet, à proximité, sur le tumulus voisin, un panache de fumée sort de la cheminée du four à pain. Mais à part ici, aucune fumée ne s’élève ailleurs.
Jean m’explique : La sécurité alimentaire est notre priorité absolue des hab. Toutes les personnes qui travaillent la terre, les paysans, sont très respectés, ce sont d’elles que nous tenons notre survie  . En plus des ouragans, ces paysans doivent faire face à l’alternance de longues sécheresses et de déluges de pluie, de période d’extrême chaleur comme de vagues de grands froids tardifs.

c’est sans doute ce qui explique l’extrême diversité végétale des cultures : céréales, légumineuses, légumes, tubercules, fruits et petits fruits.
Jean poursuit : Si des variétés hâtives sont ravagées par une période de gel tardif, les variétés tardives prendront le relais. Les cataclysmes climatiques ne sont pas des drames, ils sont le lot du quotidien. Bienheureux si nous pouvons récolter chaque année la moitié de ce que l’on a semé ou planté...

Je lui partage mon étonnement, la grande diversité des productions végétales et animales dans un même écosystème est vraiment extraordinaire.
"C’est une des raisons de la qualité de la santé des habitants. Il y a une forme de corrélation entre l’extrême richesse de l’alimentation et le dynamisme physique et intellectuel des habitants."

Mais la chose la plus surprenante, c’est le nombre de personnes, hommes, femmes, enfants et même personnes assez âgées qui s’activent dans les champs et les prés ! Pourtant nous sommes dans les jours d’hiver ! Ici ce n’est pas le travail qui manque. Cela vient sans doute de la simplicité des moyens techniques : tout le matériel agricole semble fonctionner à la seule force de l’énergie humaine. Les paysans disposent de nombreux engins légers. Ils semblent fonctionner à l’aide des pédaliers, mais peut-être avec une assistance électrique. De nombreux panneaux photovoltaïques sont fixés sur les faces sud des tumulus.

A propos des productions agricoles, Jean m’explique que le régime alimentaire est essentiellement végétarien. Il faut sept fois mois de ressources pour produire du végétal que des produits animaux, et ces ressources sont rares et précieuses. En plus, les habitants considèrent avec dégoût le fait de devoir tuer des animaux.
Ceci m’étonne beaucoup : dans une économie de survie   toutes les ressources alimentaires sont bonnes à prendre ! Mon guide m’explique qu’Ici on accepte de tuer, pour raison de survie  , les insectes, les volailles et les poissons, mais on ne tue pas les mammifères, qui comme les humains, élèvent leurs petits au sein de leur mère et sont les créatures les plus proches de nous dans la Création.

Selon Jean, le mode cultural est fondé sur la science de l’humus, qui procède d’une très grande maîtrise de la décomposition des végétaux par compostage. Le support de culture de chaque type de végétaux est composé avec une grande précision, en fonction de dizaines de paramètres. La vie microbienne est observée en permanence pour ajuster très finement les apports.
La langue des habitants de ce village est très proche du français : le mot "humus" a la même racine latine que le mot "humilité"... Comme leur survie alimentaire vient de l’humus, ainsi la survie spirituelle de ces hommes vient de l’humilité. L’orgueil de l’homme a été la racine de la destruction de l’ancienne civilisation, l’humilité a apporté le remède.

Cette maîtrise rappelle celle des maîtres-maraîchers du Paris du XIXème siècle, un temps ou quelques milliers de maraîchers assuraient l’approvisionnement en fruits et légumes pour toute la population de la capitale.

Il y aurait beaucoup à dire sur les techniques de la sécurité alimentaire, sur les techniques de construction et tous les autres aspects technologiques qui sont maîtrisés ici.

Mais, comme nous venons de le voir pour la sécurité alimentaire, la plupart de ces techniques ne sont pas très éloignées de celles que nous connaissons de nos jours. Elles en sont des formes très sophistiquées, élaborées au fil des temps par l’expérimentation. Au fil des explications qui me sont données, j’ai compris que l’esprit communautaire, qui régit l’organisation de cette société, s’étendait à l’échelle de la planète, par un réseau d’échange de pratiques et d’expérimentation sur le mode "open source".

Il ne semble pas que cette communauté dispose elle-même de techniques pour produire l’acier des outils. Des tas de ferrailles près d’une zone où l’on peut voir des forges en activité, montre qu’on sait recycler des pièces métalliques issue de l’ancienne civilisation.

C’est maintenant le système de gouvernance de cette société que mon guide va m’expliquer.

Le système de gouvernance

Avec le recul, il a été facile de voir quels été ont les facteurs qui ont abouti à la destruction de l’ancienne civilisation.
Les générations qui ont eu à en subir les dévastations climatiques ont découvert qu’il tenait d’abord dans la nature même du processus décisionnel.
Le processus "démocratique" occidental s’était généralisé au 20ème et 21ème siècles, dans une grande majorité de nations. Ce modèle était fondé sur l’élection au suffrage universel. Il donnait l’illusion que la sagesse   des peuples était le meilleur moyen de prendre les grandes décisions pour le gouvernement des nations.
En réalité, il a permis à de puissantes minorités de s’accaparer progressivement d’une part de plus en plus importante de la richesse produite. Le pouvoir financier à faussé le jeu "démocratique" à ses propres fins. Le concept de bien commun   à été remplacé par celui du "marché" dont la "main invisible" était sensée assurée la prospérité et le bonheur de toute l’humanité.
Mais en fait, c’est le contraire qui s’est produit. Là où le bien commun   aurait exigé l’interdiction de pratiques destructrices et la mise ne place de nombreuses régulations, ces puissantes minorités n’ont vues que des entraves à la "liberté des affaires", en réalité "liberté des renards dans les poulaillers"...
Par la puissance de l’argent, la majorité des hommes politiques sont devenus volontairement ou non, leurs complices. En toute connaissance de la puissance des lobbies au plus haut niveau dans les décisions des états, ils n’ont eu le courage ni de les dénoncer, ni de les combattre.
Seules des nations sous régime autoritaires non démocratiques, en premier lieu la Chine, on pu tenter de limiter les effets pervers du libéralisme économique et mettre en place des régulations. Mais au prix d’une privation des libertés individuelles, y compris spirituelles, avec la même incapacité à maîtriser les enjeux climatiques.
L’effet d’entrainement général à l’individualisme a fini par causer une chute civilisationnelle.
L’ego démesuré de ceux qui possédaient l’empire de l’argent, confortés par tant d’égoïsmes individuels, n’a pas pu être suffisamment combattu pour éviter la catastrophe climatique.

Dans cette nouvelle civilisation, la première place est donnée à l’éducation et à la culture afin que les jeunes générations puissent acquérir un solide esprit critique et une culture du vivre ensemble et du bien commun  .
C’est là que se tient le cœur de cette nouvelle civilisation.

Au XXème siècle des précurseurs avaient déjà prophétisés cette voie : Krishnamurti, Gandhi, Yvan Illich, Lanza del Vasto, mais cette pensée était restée très marginale.

La primauté de l’ingénierie sociale sur l’ingénierie technique.
Dés le début du 21ème siècle, les signes de l’incapacité du système décisionnel à prendre des mesures radicales de conservation de la survie même de la civilisation sont devenus évidents. Des groupes locaux ont commencés à mettre en oeuvre, à leur échelle, des systèmes de réflexion et d’expérimentation sur de nouvelles formes de vivre ensemble et de gouvernance.
Ce sont ces groupes qui ont permis que la civilisation ne disparaisse pas totalement. Non seulement ils ont pu créer les conditions de résistance à l’effondrement sociétal, même s’ils n’ont pas pu l’empêcher, mais surtout ils ont permis la sauvegarde des biens culturels les plus précieux.
Parmi ces biens, le patrimoine mondial culturel, scientifique et technique. Les connaissance acquises par les hommes ne sont pas éternelles. Ainsi l’effondrement de l’empire romain avait entraîné la perte de précieux documents historiques et philosophiques. Même des connaissances techniques importantes avaient été perdues, comme celle de la fabrication du ciment romain, à base de chaux et d’argile. Il avait fallu attendre 1818 pour que le savant français Vicat redécouvre la formule du ciment dit "Portland" ou "artificiel", qui a permis la fabrication du béton. Les constructeurs des cathédrales ne disposaient que de mortiers de chaux aérienne.
Dans la perspective d’un possible effondrement de la société, les connaissances les plus essentielles furent répertoriées et sauvegardées.
La finalité étant de favoriser la survie de l’humanité, ces compilations étaient orientés vers les connaissances essentielles à la survie : sécurité alimentaire, médecine, habitat, technologies de survie et patrimoine culturel et spirituel.

La perte de la sagesse  , la "sophia" des Grecs anciens, est sans doute la perte la plus grave et l’élément déterminant de l’effondrement civilisationnel. La sagesse  , socle de toutes les autres vertus, n’était plus enseignée. Le mot même n’était plus mentionné dans les Constitutions des nations.
Privé de la formation de la conscience, la tempérance, la prudence, la sincérité, le discernement et la justice ont fini par disparaître de l’éducation des nouvelles générations.

L’expérience des naufragés d’Auckland peut être considérée comme le fil rouge d’une telle démarche. Quelles étaient les techniques et les mode d’organisation sociale qui ont permis à un groupe de naufragés de survivre, en 1864, plus d’un an dans l’environnement particulièrement hostile des Iles Aukland.

Faire un choix est toujours difficile et finalement assez arbitraire. Regardons autour de nous ce qui serait vraiment nécessaire d’emporter dans si nous devions faire face à une telle situation ?

Quels livres, quels outils, quelle techniques ? Et si cette situation devait devenir définitive, comment pourrons-nous remplacer le couteau, le briquet, etc...
Les naufragés ont pu récupérer sur l’épave de leur bateau, métaux, outils, toile. Les naufragés des temps modernes ont disposé de montagnes de matériaux récupérés dans les décombres de l’ancienne civilisation. Mais plus des moyens des grands systèmes industriels.

Ils ont pu progressivement recréer des outils de plus en plus sophistiqués. Mais ces techniques n’ont rien à voir avec la débauche de ressources gaspillées auparavant. Tout est précieusement entretenu et parfaitement réparable sur plusieurs générations, et, en fin de vie, entièrement recyclable.

En poursuivant ma visite, je constate comment les petits véhicules qui servent dans les champs sont conçus de façon modulaire. Cela ressemble à de gros jouets fabriqués à partir d’un genre de meccano. En démontant un objet on peut, à partir des pièces, reconstruire un autre objet totalement différent. Toutes les pièces répondent à des standards très précis, permettant d’innombrables combinaisons.

Même chose pour les bâtiments : les panneaux de vitrage qui servent aux panneaux solaires passifs, comme ceux qui servent aux capteurs solaires thermiques, sont des carrés de dimension standard, d’environ 50cm de cotés. Le verre provient de la récupération prélevée sur les ruines de l’ancienne civilisation.
Une telle rigoureuse standardisation n’entraîne pourtant aucune monotonie, tant les probabilités de combinaison sont nombreuses.
Finalement c’est une impression de grande beauté qui se dégage de cette extrême sobriété.

La beauté
La beauté est sans doute la première "nourriture" dont ces hommes vivent et dont ils ont besoin.
La nature toute entière, avant d’avoir été altérée par l’homme, est un hymne à la beauté. Les montagnes légèrement enneigées au loin, la diversité des paysage, les ruisseaux et les cascades, les paisibles troupeaux, les oiseaux, tout chante la beauté de la Création.

Par respect pour elle, les hommes de ce temps agissent sur elle avec une grande délicatesse. Dans le bouddhisme ancien, beauté et élévation spirituelle vont de pair. Dans l’Antiquité, beauté et rectitude qualifient la valeur morale de l’homme.
La beauté est l’image, le reflet de l’âme. C’est pourquoi, elle est, comme la sagesse, au cœur de cette civilisation. La beauté et la sagesse sont enseignées dès les premiers âges aux enfants, et forment les fondations de tout l’édifice social. Elle sont associées au vrai, à la vérité et au bien.
Éliminez beauté et sagesse de l’enseignement, et la société retournera un jour ou l’autre à la barbarie.

La spiritualité

Mon guide aborde maintenant la question de la spiritualité dans cette civilisation. La religion ancienne à été à la fois ce qui "relie" l’homme au Divin, et ce qui est "relu" à partir de textes fondateurs.
La première facette invite à une démarche spirituelle personnelle unique, la seconde se fonde sur un attachement à des textes, des dogmes et des rituels.
Dans ces deux facettes, la religion a produit beaucoup de tensions et de conflits entre les hommes : guerre au nom de religions sur tout ce qui peut s’opposer entre dogmes, dérives sectaires, pouvoir des clercs sur les laïcs...

La chrétienté a été la principale religion qui a profondément marquée la civilisation occidentale. Née en Palestine d’un petit groupe de premiers disciples juifs convertis au Christ, elle s’est très rapidement propagée à tout le monde romain et au delà de ses frontières. Une des explications de la puissance et de la rapidité de son expansion est donnée par l’historien Tertullien (155-220 après J-C.), qui relate comment les non-chrétiens voyaient les chrétiens dans l’Église naissante : "Voyez comme ils s’aiment, voyez comme ils sont prêts à
mourir les uns pour les autres !
"
Du livre des Actes des Apôtres :
"La multitude de ceux qui étaient devenus croyants avait un seul cœur et une seule âme ; et personne ne disait que ses biens lui appartenaient en propre, mais ils avaient tout en commun... Aucun d’entre eux n’était dans l’indigence, car tous ceux qui étaient propriétaires de domaines ou de maisons les vendaient, et ils apportaient le montant de la vente pour le déposer aux pieds des Apôtres ; puis on le distribuait en fonction des besoins de chacun.
L’amour est le socle de leur foi en Christ mort et ressuscité, Fils de Dieu venu pour arracher les hommes du pouvoir de la mort.
" (Ac 4, 32-35)
L’amour, la charité, est la vertu centrale de leur foi. Saint Augustin ira même jusqu’à dire "aime et fais ce que tu veux".

Malheureusement, les chrétiens, dans leur grande majorité, se sont éloignés de ces préceptes. L’amour n’est pas apanage des chrétiens, le Christ, lui-même "amour révélé", dit que tout homme qui aime l’amour est de Dieu.
Selon l’Évangile de Saint Jean :
« Je vous donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres ; comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres. À ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » (Jn 13, 34-35)

« Que votre lumière brille devant les hommes : alors, voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux. » (Mt 5, 16)

La civilisation qui a survécu au cataclysme climatique est une civilisation où l’amour est mis à la première place. Respect de l’homme, du bien commun, de la terre, de ses ressources, tout est commandé par l’amour.
Mais l’amour n’est pas "naturel" à l’homme. une tension permanente le tire vers l’égoïsme, le chacun pour soi, vers le mal. Autant l’Esprit du bien élève l’homme dans l’amour, autant l’esprit du mal, le malin, l’adversaire, le satan, cherche à le défigurer. Comme est réelle, véritable et opérante, la puissance de l’Esprit Saint, réelle, véritable et opérante la puissance de satan.

La mal est la négation même de l’Amour. Quand une civilisation rejette, en ricanant, l’existence réelle des forces du mal, c’est la marque qu’elle est déjà sous sa domination... On ne peut pas combattre un ennemi que l’on ne désigne pas, ou que l’on ignore. Le manque d’amour entraîne la rapacité, la rapacité entraîne l’injustice, l’injustice entraîne la violence, la violence la guerre, la guerre, mais aussi le mépris de la Création, entraînent la destruction et la mort.

Seul, sans les forces de l’Esprit, l’homme ne peut pas se maintenir dans l’Amour. C’est pourquoi l’invocation de l’Esprit imprègne ici tous les temps de la vie quotidienne. Ici pas de décision qui ne soit prise sans se mettre, par la prière, sous la mouvance de l’Esprit, pas de travaux qui ne soient unis à l’Esprit. La beauté de tout ce qui nous entoure ici manifeste la présence réelle de l’Esprit Saint aux cotés de ceux qui en vivent.

L’Esprit Saint est lumière dans nos ténèbres, le consolateur des pauvres et des affligés, l’esprit de vérité. C’est lui qui inspire nos bonnes paroles et nos bonnes actions. C’est lui qui nous révèle le Fils et remplit d’amour nos cœurs. C’est lui qui nous donne la foi. C’est lui le maître de sagesse.

L’Esprit Saint nous révèle que tout vient de Dieu, que l’homme est tiré de la terre et y retournera. Les disciples de l’Amour recherche la gloire de Dieu.
Gloire : de l’ancien "gnōria", du Proto-Indo-Européen *ǵneh- ‎(“connaître", reconnaître”) ou peut-être de *ǵnohris ‎(“connaissance”)
La gloire de Dieu, c’est de le reconnaître.
C’est l’Esprit Saint qui fait toute chose nouvelle...

Dans ces temps nouveaux, les hommes ne sont pas des "bisounours". Leur vie est un combat. En premier un combat extérieur contre une nature devenue extrêmement hostile par ses excès climatiques et la rareté de ses ressources,. Mais surtout, un combat intérieur contre les forces du mal.

Dans ce combat l’homme tombe souvent, mais l’Esprit Saint le relève. La charité fraternelle s’exerce comme une tendre émulation entre les hommes. Celui qui tombe n’est pas l’objet de l’opprobre, mais du soutien, de l’assistance et du secours mutuel.

Je suis invité à assister à une réunion de décision. Un "Ancien" dirige le débat. C’est une femme d’une soixantaine d’année. Elle à été élue par les membres de la communauté pour une durée de trois ans, mais à tout moment l’assemblée peut lui retirer son mandat si elle commet des fautes graves. Ici personne ne peut se présenter à une élection pour obtenir un mandat. Le système décisionnel fonctionne sur la cooptation. L’Ancien est chargé de préparer sa succession. Il recueille auprès de tous les membres les noms de ceux qui pourraient le remplacer. Puis au fil de plusieurs votes l’Ancien est nommé si possible à l’unanimité, sinon à une très forte majorité. Tout le temps pris à construire cette unanimité n’est pas du temps perdu, mais un temps de dialogue qui oblige à aborder tout ce qui pourrait détruire l’unité.

Dès les commencements de la civilisation humaine, que c’est l’exercice de la coopération, la recherche du bien commun, qui a permis aux hommes d’acquérir le langage.
C’est un devoir pour tous de participer aux séance du conseil communautaire pour exercer la recherche du bien commun. Bien avant chaque rencontre les membres ont reçu l’ordre du jour pour pouvoir y réfléchir. Chaque conseil, comme chaque action préparatoire, commence et fini par les chants d’action de grâce, en remerciement pour tout ce qui a été reçu.

En passant près d’un tumulus situé au centre de la grande clairière, j’aperçois à l’intérieur un autel et au-dessus, la grande Croix du Christ.
Mon guide Jean me dit, avec humour : "C’est ici, par l’Eucharistie, le cœur du réacteur !!!. Non pas que tous soient tenus d’y participer, mais puisque tous sont des amis de l’Amour, tous s’accordent pour reconnaître c’est par là que se déversent les grâces, et d’abord celle de l’Unité."

Post scriptum
Si vous désirez en savoir plus, il faut consulter l’imposante Doctrine Sociale que l’Eglise ne cesse d’affiner, sous l’inspiration de l’Esprit Saint, depuis le Pape Léon XIII.
Doctrine Sociale de L’Eglise


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