Collecter, filtrer et distribuer les eaux de pluie - maison des Pyrénées (2011)

Publié le 25 avril 2013, mise à jour le 6 mars 2018
par Michel et Marie-Andrée Gazeau

Collecter, filtrer et distribuer les eaux de pluie.

Avantages de la récupération :
1- économie d’eau  : comme nous disposons d’un volume d’eau restreint, nous sommes vigilants sur notre consommation (pluviométrie à Lourdes : env. 1000mm/an, soit 1000litres/m2 de toiture). Depuis notre installation en 2011 nous n’avons jamais été en rupture d’eau (niveau le plus bas : jamais en dessous de 20% des réservoirs).

2- économie d’argent : le prix de l’eau à Lourdes (en 2011) était de 3,39 €/m3, réparti de 1,06 €/m3 pour l’eau, y compris abonnement et de 2,33 € pour l’assainissement, pour une facture de base de 150m3/an. La facture de nos voisins était d’environ 360€/an pour 2 personnes, y compris l’assainissement. Le prix de l’eau ne cesse de monter, plus vite que le coût de la vie : le taux d’intérêt de ce placement s’améliore chaque année.

3- pérennité des appareils ménagers : l’eau de pluie ne contient pas de calcaire. Il n’y a donc aucun entartage du lave-linge, des bouilloires, du ballon surpresseur ou du ballon d’eau chaude. Leur durée de vie est fortement augmentée.
Aucun entretien d’entartrage, pas besoin de dispositif d’anti-calcaire !!!

4- écologie et joie  : nous sommes tous acteurs responsables des ressources de notre planète : la ressource en eau est en danger et une partie de l’humanité est privée d’accès à l’eau... C’est une grande satisfaction de sentir que nous ne participons pas au gaspillage des ressources. Nous affirmons même que ça donne du sens à nos vies !!!
En plus, quand il pleut nous nous réjouissons car nos réservoirs se remplissent, quand il fait soleil nous nous réjouissons car notre eau et notre maison se réchauffent et notre production photo-électrique que nous vendons à EDF augmente !!!

5- autonomie et principe de subsidiarité   : ne pas faire à un niveau plus élevé ce qui peut l’être avec plus d’efficacité à une échelle plus faible, nécessité d’autonomie des collectivités de base vis-à-vis des pouvoirs centraux. Le principe de subsidiarité   trouve son origine dans la doctrine sociale de l’Église catholique. Elle devenue l’un des mots d’ordre de l’Union européenne.
Voir subsidiarité sur Wikipédia.

6- qualité de l’eau  : l’eau du réseau contient une grande variété de composés chimiques en petites quantités : molécules de médicaments, pesticides, insecticides, micro polluants organiques, etc... L’eau de pluie en contient un nombre beaucoup plus faible, et en plus petites quantités.

Inconvénients de la récupération :
1- manque d’eau : en cas de période de sécheresse prolongée, les réservoirs peuvent se vider complètement. Cela ne nous est jamais arrivé, mais on peut se faire dépanner par un voisin. Si cela arrive trop souvent, il faut augmenter la capacité du réservoir.

2- entretien des filtres et du surpresseur : c’est une contrainte qui prend peu de temps chaque année, mais qui ne représente pas grand chose par rapport aux avantages de la récupération.

3- contrôle de la qualité de l’eau : il est possible de faire contrôler son eau.
Voir la liste des laboratoires agrées
Exemple : Analyse de potabilité réglementaire P1 : forage, puits, source, pluie
Analyse P1 selon arrêté du 21 Janvier 2010 (169.00 €)
Bactériologiques :
Spores des organismes anaérobies sulfito-réducteurs, bactéries coliformes, Escherichia Coli, entérocoques, micro-oragnismes revivifiables à 22°C et 36°C
Physico-chimiques :
Turbidité, Alcalinité totale (TAC), alcalinité composite (TA), ammonium, odeur/saveur, aspect/couleur, nitrates, nitrites, sulfates, pH, conductivité, calcium, magnésium, Titre hydrotimétrique (dureté)

Descriptif de l’installation

Notre installation de Lourdes n’est pas connectée au réseau d’eau de la ville.
La récupération des eaux de pluie l’eau se fait sur le versant nord de la toiture. La toiture est en ardoises naturelles, les gouttières et les chenaux sont en zinc.
La surface de toiture ramenée à l’horizontale est de 47m2.

L’eau est stockée dans trois réservoirs de 1000 litres chacun, en plastique alimentaire. Ils sont placés hors-gel dans le sous-sol de la maison, à l’abri de la lumière pour empêcher le développement des algues.
Avant d’atteindre les réservoirs l’eau est d’abord filtrée à travers 3 bacs de filtration :
- un filtre à gravier pour les feuilles, les brindilles et les petits éclats d’ardoise
- un filtre à charbon de bois
- un filtre à sable pour piéger les plus grosses particules de boue
Pour réaliser ces filtres nous avons utilisé de regards d’assainissement standard de 45cm de coté et 25cm de hauteur en béton vibré avec couvercle. Les bacs sont étagés et se déversent les uns dans les autres.

A la sortie du surpresseur l’eau est filtrée à travers :
- un filtre à boue 60microns lavable
- un filtre à boue à cartouche 25 microns
Cette eau est utilisée pour les toilettes intérieures, le lave-linge et la salle d’eau.

Avant d’être utilisée pour la cuisine, l’eau est encore filtrée sur un filtre Doulton à cartouche de céramique et charbon actif (Ultracarb 30202H) que l’on change tous les 2500 litres (soit 1 fois par an).

Les cuves et les canalisations de liaison sont en plastique alimentaire (ᴓ 40mm).
Le réseau de distribution eau chaude/eau froide est en cuivre ( ᴓ 16, 14 et 12mm).

L’eau du versant sud de la toiture est récupérée dans une citerne de 3000 litres enterrée dans le jardin, pour l’arrosage du jardin.

Détails de l’installation

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Schéma de l’installation

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Entretien du surpresseur

Au moment de la mise en service, avant de connecter à la citerne, vérifier la pression de l’air autour de la vessie. On gonfle avec une pompe cycliste ou avec un compresseur. La valve est la même que sur une voiture.
Cette pression doit être égale à la pression de déclenchement, par exemple 1.5 bars moins 0.3bars soit pression de l’air : 1.2 bars.
Après la première mise en service chronométrer le temps de pompage, par exemple dans notre installation :
- déclenchement bas à 1.5 bars,
- ’arrêt à la pression maxi 3 bars,
- temps de pompage : 30 secondes.

Avec le temps, nous avons eu une petite fuite sur la valve de mise en pression de la vessie et le temps de pompage est devenu de plus en plus court.

Pour faciliter la vidange de l’eau du ballon du surpresseur nous avons installé un dispositif de vidange à sa sortie, avec un groupe de sécurité de récupération.

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Opération de remise en pression de l’air :
- couper l’alimentation électrique du surpresseur
- couper l’arrivée d’eau de la citerne
- couper la vanne de sortie d’eau du surpresseur vers le réseau
- ouvrir la vanne de vidange du surpresseur
- attendre que toute l’eau se soit écouler
- mettre en pression l’air autour de la vessie (l’air chasse encore de l’eau qui entoure la vessie)
- arrêter le gonflage quand la pression est atteinte, dans notre exemple, à 1.2 bars.
- reboucher soigneusement la valve en veillant qu’il n’y a pas une légère fuite (avec un doigt mettre un peu de salive sur la valve et voir si ça fait une bulle)
- ré-ouvrir les 2 vannes
- rebrancher l’installation en chronométrant le temps de pompage : ce temps doit être revenu à celui de la première mise en service, 30 secondes dans notre exemple.

Coût et rentabilité de l’installation

Facteurs qui augmentent la rentabilité de l’installation :
- la pluviométrie (quantité annuelle moyenne de pluie : 1 mm de pluie sur un m2 équivaut à 1 litre d’eau)
- la surface de la toiture raccordée au réservoir (surface mesurée horizontalement)
- la capacité du réservoir
- le rapport qualité/prix du surpresseur

Tableur pour le calcul économique de l’installation :

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Calculs détaillés des dépenses

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Calculs de rentabilité

Petite histoire de notre installation

Notre procédé de construction pour notre maison à ossature bois est basé sur la construction à sec : pas de béton pour les fondations ni pour les planchers. De plus le terrain possédait une citerne de 3000 litres. Nous n’avions pas besoin d’être branché sur le réseau.

En 2001, lors d’une réfection de voirie, le service des eaux de la Mairie a constaté que nous n’avions pas de raccordement. Nous avons expliqué notre démarche, notre projet a suscité beaucoup d’intérêt et a été accepté.
Nous avons aussi évoqué notre projet d’assainissement des eaux usées par phyto-épuration. Pour la Mairie, rien ne semble interdire de traiter notre eau avant de l’envoyer à l’égout. Il a été convenu que la société fermière installerait un compteur à la sortie de notre réservoir pour facturer notre taxe d’assainissement en fonction du volume de nos rejets.
En faisant le calcul le service a estimé son montant annuel à 17€. Mais si le compteur était installé à la sortie de la phyto-épuration, comme cela parait logique, la facture serait beaucoup plus faible car une grande partie de l’eau est évaporée dans les bassins et par l’évapotranspiration des plantes. De plus rien n’interdit d’utiliser cette eau pour l’arrosage du jardin et du verger ou l’alimentation des poules.
Finalement le service des eaux n’est jamais venu installer ce compteur...

Depuis des temps immémoriaux les fermes du Larzac récupéraient l’eau de pluie des toitures pour les besoins domestiques et pour les animaux. Les citernes étaient en maçonnerie de pierre étanchéifié avec un fort enduit. Dans certaines d’entre elles on jetait du charbon de bois pour purifier l’eau. Mais il n’était pas rare qu’au moment du nettoyage périodique des citernes ont y retrouve des squelettes de lézards ou de petits rongeurs...
Dans notre cas, l’eau pour la boisson et la cuisine est filtrée avec des filtres qui sont utilisés (et autorisés) pour la randonnée extrême et qui permettent de boire l’eau des mares ou même des ornières.
Pour ce qui concerne l’eau pour la toilette, bien des eaux de baignade autorisées sont loin d’être aussi propres que celle de notre installation.
Depuis près de quatre ans que nous utilisons ce système nous n’avons jamais eu d’ennuis de santé qui auraient pu provenir de la qualité de l’eau.

Nous avons une approche pragmatique. Nous ne discutons pas sur la validité ou non des normes. Simplement nous recherchons et expérimentons les moyens les plus économiques, les plus écologiques et les plus autonomes pour satisfaire nos besoins fondamentaux, sans faire prendre des risques aux autres.

Pour aller plus loin :
Voir le blog généraliste sur l’eau dans la maison et plein d’autres sujets :
http://bricolsec.canalblog.com/arch...


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